Des auteurs pris aux mailles du filet

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Les 12 et 13 mars, nous serons une cinquantaine d’auteurs hébergés au Musée de La Marine pour débattre, échanger, rencontrer les lecteurs qui aiment les cropped-9782211093408.gifhistoires de mer et de marins.  Nom de l’événement: « A la pêche aux livres! » Le prétexte? L’exposition « Dans les mailles du filet », dont je voulais vous parler depuis longtemps…Heureusement, il n’est pas trop tard puisqu’elle se termine le 26 juin 2016.

J’y ai retrouvé toute l’histoire de la Grande Pêche dans laquelle je m’étais plongée pour écrire Perdu en mer.

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Cette aventure longue de cinq siècles,  souvent tragique, des pêcheurs à la morue, au large de Terre-Neuve et de l’Islande, y est racontée de manière simple, claire, complète. Il y a même une maquette du navire hôpital, le  Saint-François d’Assise, qui s’ouvre pour nous laisser voir les lits suspendus de l’infirmerie.  Le Grand Métier se dévoile sur des gravures, des photos anciennes. Des fragments de vies sont happés par des caméras balbutiantes, surgissent au détour d’un flacon d’huile de foie de morue, d’une affiche.

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Le destin des pêcheurs a touché de nombreux peintres qui nous offrent leur toiles signées  Marin Marin, Paul Signac, Mathurin Méheut, Louis Garneray,  Albert-Guillaume Démarest, Edmond Rudaux, Jean-Georges Cornélius…

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Un long chapitre est consacré au roman de Pierre Loti, Pêcheur d’Islande, publié en 1886. On y apprend que l’auteur avait profité de la sortie  de son livre pour lancer une souscription dans Le Figaro. Il voulait venir en aide aux trente veuves et aux quatre-vingts orphelins que le naufrage d’un morutier venait de laisser à Paimpol.

Emus, instruits, nous sommes prêts pour la dernière salle. L’Histoire a cédé la place à l’actualité. Les chiffres sont durs: plus de 20 millions de tonnes de poissons braconnés tous les ans, les 3/4 des poissons consommés en France sont importés, les 2/3 des navires disparus en dix-huit ans…

Et demain? Demain, une pêche durable,  grâce à la mobilisation de nombreux intervenants? Grâce aux enfants d’aujourd’hui qui seront informés, éduqués ?

Alors, conduisons  les au Musée de la Marine voir Les mailles du filet.

Ils vont grandir, et nous aussi.

http://www.musee-marine.fr/content/paris-week-end-des-ecrivains-evenements

 

 

Hommage à Anita Conti

 

Samedi 13 novembre, à 15H25, France 3 Normandie diffuse l’émouvant film de Marc Gourden, Anita Conti, une vie embarquée, un hommage à cette femme hors du commun qui n’a pas hésité à s’embarquer au début des années 1950  à bord d’un bateau en partance pour Terre Neuve… Elle en a tiré  un livre poignant,Racleurs d’océans, paru en 1953, qui ne laissa pas le monde maritime indifférent. Elle y raconte  sa vie, ou plutot celle des pêcheurs au milieu des tempêtes, dans les mers glacées du Labrador…

Le drame des paquebots

Dans son live, Cent ans de pêche à Terre-Neuve, Léopold Soublin évoque  l’abordage du Sully, ancré sur les bancs de Terre-Neuve, le 17 mai 1894. Un exemple de ce qui arrivait souvent depuis que les grands paquebots traversaient l’Atlantique et qui m’a inspiré l’accident de Perdu en mer. Il cite un article, extrait, je pense, d’un journal de Fécamp. Le voici:

« Les hommes de quart apercevant les feux du steamer se dirigeant vers eux sonnèrent immédiatement de la trompe et prévinrent le capitaine qui fit monter aussitôt tout l’équipage sur le pont. Le steamer en effet venait à toute vitesse et n’était plus qu’à une faible distance du Sully, ce qui ne permettait plus d’éviter l’abordage. Il fut visible toutefois qu’il essaya de virer de bord mais il était trop tard et, arrivant comme une masse sur le Sully, il l’atteignit par la hanche arrière, occasionnant une large voie d’eau que rien n’eût pu arrêter.

Le choc n’avait pas ralenti la marche de l’abordeur qui donna trois coups de sifflet et son ombre disparut. Le capitaine, reconnaissant que son navire était perdu, fit mettre tous les doris à la mer, et embarquer ses hommes. Il n’avait plus à compter sur le secours de ceux qui étaient la cause de sa perte. C’était aux faibles moyens dont il disposait qu’il devait recourir, mais la mer était très grosse et le vent violent de sorte qu’un sauvetage dans ces conditions présentait les plus graves dangers. Le brave capitaine Cordier et le subrécargue Lemarchand ne perdirent pas leur sang-froid. En effet, le Bayard avait été vu la veille ancré lui aussi à quatre milles environ. La petite flotille se dirigea dans la direction indiquée à force de rames. Le capitaine ne quitta son navire qu’au dernier instant alors qu’il allait disparaître. Il était alors trois heures du matin, soit une heure après l’abordage.

Après une nuit terrible, harassés de fatique et trempés jusqu’aux os, sur le point d’abandonner la lutte, le premier doris arriva vers 9 heures à portée du Bayard. Ce navire, mis au courant, envoya une partie de son équipage au secours des malheureux naufragés et vers 10 heures tous étaient recueillis. Le Bayard les conduisit à Saint-Pierre, d’où ils revinrent en france sur deux navires… « 

Le Ferdinand

Quelques informations supplémentaires sur Le Ferdinand, le trois-mâts goëlette, sur lequel les héros de Perdu en mer sont embarqués. Sur cette photo, on voit bien les doris empilés entre le mât d’artimon et le grand mât, sur le pont en bois. Dix-huit hommes pouvaient partir pêcher en mer pendant que huit à dix marins restaient à bord. Le Ferdinand était assez grand: 285 tonneaux de jauge. Construit en 1869 à Fécamp, il eut un premier armateur, Jean-Baptiste Collos, puis fut acheté par Jérome Malandain en 1979, pour lequel il fit toutes les campagnes de pêche jusqu’en 1904.

Perdu en mer

Perdu en mer, par Sophie Humann

Collection Archimède

Illustrations: Emmanuel Cerisier

L’histoire de deux enfants de Fécamp, en 1900, dont les pères sont partis pour la grande pêche à terre-Neuve, au large de l’Alaska… L’un des deux hommes revient, l’autre ne rentre pas. Mais la vie doit continuer, malgré l’absence et les dangers vécus six mois par an par ces pêcheurs, dans des conditions extrêmes…

Ecole des Loisirs, 2009