Cheminer à la fin du Moyen-Age

Martin, dans Martin, apprenti de Gutenberg (Gallimard jeunesse) voyage le plus souvent possible sur les fleuves et les rivières, car les routes ne sont pas très sûres et, l’hiver, se transforment en véritables bourbiers. Mais, à la fin du Moyen-Age, il existait déjà un réseau incroyable de chemins. Les gens circulaient beaucoup plus qu’on ne le pense aujourd’hui et les routes étaient très organisées.  Un auteur de la fin du XIIIè sièce, Philippe de Beaumanoir, dans ses Coutumes de Beauvaisis,  récapitule ainsi les cinq chemins qu’il connait:

* Le sentier large de 1,20 mètres. les charettes ne doivent pas l’emprunter car elles risqueraient d’endommager les champs ou des biens.

La charrière, large de 2,40 mètres, où deux charettes ne peuvent circuler de front mais où elles peuvent se croiser. Le bétail doit y être tenu par la bride.

* La voie, large de 4,80 mètres, où deux charettes penvent avancer de front en laissant un sentier de part et d’autre: on y conduit le bétail en le poussant devant soi d’un village à l’autre ou d’un marché à l’autre, mais sans s’arrêter pour le faire paître.

* Le chemin, large de 9,60 mètres où les bêtes ont le droit de paître et de s’arrêter et les marchandises de passer; aussi y perçoit-on des taxes de circulation.

* Le grand chemin royal, large de 19,20 mètres, où toutes les productions de la terre et les bêtes, dont les hommes et les femmes se nourrissent pour vivre, puissent y être menéees et transportées; pour que chacun puisse y aller et venir, avoir toutes les commodités nécessaires grâce à la largeur du chemin et aller par les cités et les châteaux pour poursuivre ses affaires.

(d’après Voyager au Moyen Age, de Jean Verdon, ED.Perrin, coll Tempus)

La recette de la sauce cameline

Pour les cuisiniers amateurs, voici, de la part de Martin (Martin, apprenti de Gutenberg, Gallimard Jeunesse), la recette de la sauce cameline qu’il a dégustée  le 1er mai 1468, en l’honneur de la fête d’une confrérie d’orfèvres. Cette sauce était fort appréciée à la fin du Moyen-Age:  des cuisiniers la vendait même  toute prête dans leurs échoppes.

« Prenez du pain blanc selon la quantité de sauce à faire, écrit Maître Chiquart, dans « Du Fait de cuysine », et mettez-le à bien rôtir sur le gril. Ayez du bon vin clairet, le meilleur possible, dans lequel vous mettrez le pain à tremper, ainsi que du vinaigre en bonne quantité. Prenez vos épices, à savoir cannelle, gingembre, graine de paradis, clou de girofle, un peu de poivre, du macis, de la noix de muscade et un peu de sucre; mélangez tout cela avec le pain et ajoutez un peu de sel. »

Vous l’aurez compris, tous ces ingrédients donnent une sauce de la couleur du chameau, d’où son nom de sauce cameline.

Les incunables?

Que veut dire ce mot savant? On appelle incunables les livres imprimés publiés avant le XVIè siècle. Ils sont très rares.

Voici deux photos. L’une représente le premier livre imprimé,  une Bible à 42 lignes (parce que chaque colonne compte 42 lignes) , imprimée par Johannes Gutenberg en 1443, à cent cinquante exemplaires. Quelques uns de ces précieux ouvrages sont conservés dans les plus prestigieuses bibliothèques, à Paris, Londres, New York, Berlin,  le Vatican, Tokyo, Vienne …

La deuxième photo représente une page d’une autre Bible très célèbre, appellée la Bible à 48 lignes. Elle fut imprimée en 1462, à Mayence, dans l’atelier de Peter Schöffers pour Johannes Fust , qui fut un moment associé à Gutenberg.

Jeu de piste dans le Paris de la fin du Moyen-Age

Dans Martin, apprenti de Gutenberg, lorsque Martin et Emery sont poursuivis dans la capitale, ils passent par là!

Voici un extrait d’un des plus vieux plans de Paris dont disposent les historiens. Il s’agit du plan de Truschet et Hoyau, appelé aussi plan de Bâle parce qu’il a été dessiné par un habitant de cette ville, vers 1550 environ et a été publié en 1553. Il n’y a aucun plan de Paris précis antérieur. J’ai donc travaillé sur celui là, en vérifiant que les monuments et les ponts existaient bien en 1468. La Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, et le musée Carnavalet possèdent  des reproductions  de ce plan et d’autres plans historiques de la capitale.

Extrait du plan de Truschet et Hoyau

Quelques photos d’Auguste Piccard

Grêce à l’amabilité du journal suisse L’Illustré qui a bien voulu autoriser leur parution sur ce blog pour en faire profiter mes lecteurs, voici quelques photos où vous reconnaîtrez certainement dans les traits du professeur, ceux d’un autre célèbre savant, dur d’oreille et coiffé d’un chapeau melon vert…

Auguste Piccard devant la cabine qui vient de l'emmener jusqu'à 16.770 mètres d'altitude, en août 1932.L'Illustré/Suisse
Auguste Piccard et Paul Kipfer, avant leur ascension, avec leur chapeau en osier destiné à protéger leurs têtes des chocs. L'Illustré/Suisse.
Auguste Piccard dessinant devant ses étudiants avec les deux mains son ultime projet, le mésoscaphe... L'Illustré/Suisse
 
Auguste et Jacques Piccard. L'Illustré/Suisse

Un portrait d’Auguste Piccard

Voici le portrait que brosse un élève du professeur Piccard , extrait d’un article publié dans L’Indépendance belge, le mardi 23 août 1932.

« Notre prof de physique, nous l’appelons « Auguste », simplement. (…) Avant que ses traits eussent été immortalisés par les illustrés et le cinéma, c’est toujours avec un amusement quelque peu ahuri que les étudiants considéraient ce corps prodigieusement grand, prodigieusement maigre, prodigieusement dégingandé. Ajoutez une tête au front sans limites, au menton minuscule; puis l’auréole de ses cheveux abondants et bouclés, et le cou filiforme jaillissant d’un col plusieurs fois trop large.

Cette largesse, il ne l’accorde d’ailleurs pas aux jambes de son pantalon, parfaitement cylindriques et d’une incroyable finesse, et qui, conjuguées au veston court, amplifient encore l’impression de maigreur.

Il est célèbre aussi, son petit chapeau juché là-bas tout en haut du crâne. Et la grande règle à calcul qui s’échappe de sa poche intérieure est un accessoire indispensable pour compléter le dessin de sa silhouette.

Voilà donc Piccard à l’état de repos.

Mais quelle affaire quand tout cet ensemble se met à remuer. Quelle prodigieuse mobilité dans les membres!

Gêné probablement par la longueur de ses jambes, il les lance dans toutes les directions, puis les ramène brusquement à lui et les entortille en des poses insoupçonnables, avec une élasticité que ne désavouerait pas l’homme-caoutchouc. »

 Léon Gillain

Des nouvelles de Monsieur de Lapérouse

Voici quelques documents d’archive sur l’expédition  Lapérouse. Certains ont servi de modèles pour qu’Emmanuel Cerisier puisse réaliser ses illustrations.

Louis XVI donnant des instructions à Lapérouse, tableau de Nicolas Monsiau, Musée du château de Versailles.
L'Astrolabe et la Boussole
Les frégates dans le Port-aux-Français (Musées nationaux)
Le naufrage des chaloupes en Alaska, Loius-Philippe Crépin (1806)

Le drame des paquebots

Dans son live, Cent ans de pêche à Terre-Neuve, Léopold Soublin évoque  l’abordage du Sully, ancré sur les bancs de Terre-Neuve, le 17 mai 1894. Un exemple de ce qui arrivait souvent depuis que les grands paquebots traversaient l’Atlantique et qui m’a inspiré l’accident de Perdu en mer. Il cite un article, extrait, je pense, d’un journal de Fécamp. Le voici:

« Les hommes de quart apercevant les feux du steamer se dirigeant vers eux sonnèrent immédiatement de la trompe et prévinrent le capitaine qui fit monter aussitôt tout l’équipage sur le pont. Le steamer en effet venait à toute vitesse et n’était plus qu’à une faible distance du Sully, ce qui ne permettait plus d’éviter l’abordage. Il fut visible toutefois qu’il essaya de virer de bord mais il était trop tard et, arrivant comme une masse sur le Sully, il l’atteignit par la hanche arrière, occasionnant une large voie d’eau que rien n’eût pu arrêter.

Le choc n’avait pas ralenti la marche de l’abordeur qui donna trois coups de sifflet et son ombre disparut. Le capitaine, reconnaissant que son navire était perdu, fit mettre tous les doris à la mer, et embarquer ses hommes. Il n’avait plus à compter sur le secours de ceux qui étaient la cause de sa perte. C’était aux faibles moyens dont il disposait qu’il devait recourir, mais la mer était très grosse et le vent violent de sorte qu’un sauvetage dans ces conditions présentait les plus graves dangers. Le brave capitaine Cordier et le subrécargue Lemarchand ne perdirent pas leur sang-froid. En effet, le Bayard avait été vu la veille ancré lui aussi à quatre milles environ. La petite flotille se dirigea dans la direction indiquée à force de rames. Le capitaine ne quitta son navire qu’au dernier instant alors qu’il allait disparaître. Il était alors trois heures du matin, soit une heure après l’abordage.

Après une nuit terrible, harassés de fatique et trempés jusqu’aux os, sur le point d’abandonner la lutte, le premier doris arriva vers 9 heures à portée du Bayard. Ce navire, mis au courant, envoya une partie de son équipage au secours des malheureux naufragés et vers 10 heures tous étaient recueillis. Le Bayard les conduisit à Saint-Pierre, d’où ils revinrent en france sur deux navires… « 

Le Ferdinand

Quelques informations supplémentaires sur Le Ferdinand, le trois-mâts goëlette, sur lequel les héros de Perdu en mer sont embarqués. Sur cette photo, on voit bien les doris empilés entre le mât d’artimon et le grand mât, sur le pont en bois. Dix-huit hommes pouvaient partir pêcher en mer pendant que huit à dix marins restaient à bord. Le Ferdinand était assez grand: 285 tonneaux de jauge. Construit en 1869 à Fécamp, il eut un premier armateur, Jean-Baptiste Collos, puis fut acheté par Jérome Malandain en 1979, pour lequel il fit toutes les campagnes de pêche jusqu’en 1904.