Alexandre Yersin, disciple de Louis Pasteur

François Ailleret , qui a eu la courtoisie de préfacer mon livre sur  Louis Pasteur, m’a envoyé un article de la Revue d’Etudes Vietnamiennes écrit par le professeur Doàn Xuân Muou et consacré à Alexandre Yersin, l’un des premiers disciples de Louis Pasteur. Le récit de sa vie montre quel élan considérable Louis Pasteur a donné à la recherche et quelles vocations profondes ses travaux ont suscitées. En voici les grandes lignes:

Alexandre Yersin

Alexandre Yersin est un suisse né en 1863 dans le canton de Vaud. Ses ancêtres hugenots français s’étaient installés là après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV. Après des études secondaires à Lausanne, Alexandre Yersin commence des études de médecine en Suisse, puis en Allemagne, et , enfin, à Paris. En 1886, il y rencontre Louis Pasteur qui supervise la vaccination contre la rage. Il obient une place dans le laboratoire de la rue d’Ulm et devient l’assisant d’Emile Roux, le plus proche collaborateur de Pasteur. A vingt cinq ans, il devient docteur en médecine et obtient la nationalité française qu’il a demandée. Il travaille sur l’étude de la toxine de la diphtérie. En 1888, l’Institut Pasteur est inauguré. Alexandre Yersin devrait tout naturellement y travailler, mais l’Orient le hante. Il passe des heures à étudier les cartes de Chine et d’Indochine et s’embarque pour l’Extrème-Orient au grand regret de ses amis et de ses professeurs.

Alors qu’il explore depuis deux ans les hauteurs de l’Annam pour le compte de l’administration française en Indochine, Alexandre Yersin apprend, en mai 1894 qu’une très forte épidémie de peste bubonique s’est déclarée à Hongkong. Il demande au gouvernement français l’autorisation d’aller y étudier la maladie. Lorsqu’il arrive à Hongkong, Yersin trouve une ville désertée de la moitié de ses habitants. le taux de mortalité des personnes contaminées par la peste dépasse 90%. Mais cela n’arrète pas le jeune chercheur. Il donne son temps nuits et jours: il autopsie les cadavres et analyse leurs bubons dans un laboratoire de fortune qu’il a installé dans une petite cabane à la périphérie de la ville. C’est là qu’il découvre le bacille de la peste bubonique, le 20 juin 1894.

Puis il retourne en France afin de mettre au point un sérum en se basant sur les méthodologies de Pasteur. Une fois son travail de recherches terminé, Alexandre Yersin  retourne en Indochine et installe un petit laboratoire à quelques kilomètres de la ville de Nha Trang, dans une région qui l’a séduit depuis son arrivée en Extrème-Orient, cinq ans plus tôt. André Calmette a déjà créé un laboratoire à Saïgon en 1890. Celui de Nha Trang sera le deuxième. Et c’est toujours là que se dresse aujourd’hui l’Institut Pasteur.

Yersin fait construire des écuries près du laboratoire pour élever des chevaux qui, immunisés, pourront servir à produire du sérum contre la peste. Mais, bien vite, il comprend qu’il va manquer de terres pour fournir le fourrage nécessaire à l’alimentation des chevaux. Un jour, en longeant une rivière à une dizaine de kilomètres des écuries, il voit un terrain en friche et le demande à l’administration: le haras expérimental de Suôi Dâu est bientôt inauguré.  Il fonctionne encore.

Grace aux sérums qu’Alexandre Yersin peut produire en grande quantité, des milliers de vies sont sauvés en Indochine, en Chine et en Inde. Le laboratoire  de Nha Trang devient vite célèbre également dans le traitement des maladies du bétail et il va former des vétérinaires du monde entier.

En 1902, Paul Doumer, le gouverneur général de l’Indochine appelle Alexandre Yersain à Hanoi. Sa mission: créer et diriger un école de médecine, une grande première en Indochine, où il n’existe encore aucun médecin formé aux méthodes de la médecine occidentale. Mais, en 1904, l’école de médecine fonctionnant bien, Alexandre Yersin retourne à son cher laboratoire de Nha Trang qu’il regroupe avec celui de Saigon pour former l’IPI, Institut Pasteur de l’Indochine, qu’il ne cesse de développer jusque dans les années 1920. A soixante ans, il décide d’en confier la direction et se consacre pendant vingt ans encore à la culture des plantes tropicales. Yersin introduit en Indochine le latex, le tabac, le kola, le café, le cacao, les cocotiers… Il sera le premier à acclimater les hévéas de Malaisie et de Ceylan au Vietnam.

Les dix dernières années de sa vie, Alexandre Yersin les passent à Nha Trang, parmi les habitants de la ville, parlant avec les enfants, aidant les personnes âges ou malades, conseillant les pêcheurs pour qu’ils apprenent à mieux prévoir les tempêtes…

Il meurt le 28 février 1943 et, comme il l’avait souhaité, il est enterré à Suôi Dâu, au calme.

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