Voici le portrait que brosse un élève du professeur Piccard , extrait d’un article publié dans L’Indépendance belge, le mardi 23 août 1932.
« Notre prof de physique, nous l’appelons « Auguste », simplement. (…) Avant que ses traits eussent été immortalisés par les illustrés et le cinéma, c’est toujours avec un amusement quelque peu ahuri que les étudiants considéraient ce corps prodigieusement grand, prodigieusement maigre, prodigieusement dégingandé. Ajoutez une tête au front sans limites, au menton minuscule; puis l’auréole de ses cheveux abondants et bouclés, et le cou filiforme jaillissant d’un col plusieurs fois trop large.
Cette largesse, il ne l’accorde d’ailleurs pas aux jambes de son pantalon, parfaitement cylindriques et d’une incroyable finesse, et qui, conjuguées au veston court, amplifient encore l’impression de maigreur.
Il est célèbre aussi, son petit chapeau juché là-bas tout en haut du crâne. Et la grande règle à calcul qui s’échappe de sa poche intérieure est un accessoire indispensable pour compléter le dessin de sa silhouette.
Voilà donc Piccard à l’état de repos.
Mais quelle affaire quand tout cet ensemble se met à remuer. Quelle prodigieuse mobilité dans les membres!
Gêné probablement par la longueur de ses jambes, il les lance dans toutes les directions, puis les ramène brusquement à lui et les entortille en des poses insoupçonnables, avec une élasticité que ne désavouerait pas l’homme-caoutchouc. »
Léon Gillain